La camarguaise
Auteurs   Bourdin, Françoise (Idée origin.)
indice Dewey   5.93
Langue d'édition   français
Sujets   Livres audio
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Maury R BOU 176787745Indéterminé / Disponible
Contient :
La camarguaise
Résumé : a bastide était silencieuse, chaude et familière autour d'elle, avec ses odeurs anciennes et ses peintures défraîchies dont elle apercevait les cloques par endroits. Jordane s'était immobilisée un instant sur le palier du premier étage, guettant par habitude les bruits de la maison. Mais il n'y avait rien, hormis le frottement caractéristique du balancier de l'horloge, jamais réparé, et chacun devait dormir tranquille. Au lieu de continuer vers le second, la jeune femme fit quelques pas hésitants et alla s'asseoir sur un cantou. Les veilleuses de la cage d'escalier, très insuffisantes, créaient des ombres effrayantes dans tous les coins, mais Jordane connaissait si bien la maison qu'elle aurait pu s'y déplacer dans le noir. Son grand-père avait fait installer, trente ans plus tôt, un système d'éclairage qui répandait de vagues lueurs au long des couloirs. Il en avait décidé ainsi à la naissance de sa première petite-fille car, dès qu'il était question d'améliorer le confort de la bastide, il ne reculait devant rien. Seulement voilà, depuis bien longtemps à présent, et faute de moyens, tout s'était usé, abîmé, dégradé. Jordane se sentit brusquement oppressée. Certains soirs de fatigue comme celui-là, elle prenait vraiment conscience de ses responsabilités, beaucoup trop lourdes pour une jeune femme seule ; de son avenir précaire qui s'obscurcissait d'année en année ; de ce que les autres femmes de sa famille attendaient d'elle. Elle avait promis sur tous les tons, répété mille fois qu'elle se chargeait du Biloba, et qu'elle les sortirait de l'impasse. Etait-elle capable de tenir ses promesses ? Malgré sa volonté, son imagination ou sa capacité de travail, l'argent manquait de plus en plus. Et soudain Jordane éclata en sanglots silencieux, recroquevillée sur elle-même comme sous l'effet d'une véritable douleur. Elle remonta ses genoux et replia ses bras autour, se balançant d'avant en arrière. La bastide du Biloba était un héritage empoisonné, un miroir aux alouettes, un chemin de croix. L'escalier craqua et elle releva la tête. Lionel descendait, les cheveux en bataille, sa robe de chambre flottant autour de lui. Il vint aussitôt vers elle, la regarda avec tendresse, l'attira contre lui. - Tu n'étais pas dans ta chambre, je me suis inquiété... Des soucis, mon amour ? chuchota-t-il d'une voix rassurante. - Je ne suis plus ton amour et, des soucis, j'en ai par-dessus la tête ! Il se mit à rire mais recula d'un pas. Les boucles brunes de la jeune femme avaient frôlé son ventre, éveillant un sempiternel et encombrant désir. - Descendons boire quelque chose, proposa-t-il
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